VolleyActu : Peux-tu nous dire quand et où tu as découvert le volley-ball, ce sport qui est aujourd’hui devenu ton métier ?
Miguel Ángel Martínez « J’ai découvert le volley-ball à l’école vers 2017. »
Le volley-ball a-t-il toujours été présent autour de toi, ou as-tu découvert ce sport plus tard, durant ton adolescence ?
« Je n’ai jamais vraiment été entouré par le volley-ball avant, je jouais au football. Le volley est arrivé à un moment très important dans ma vie et il a complètement changé mon mode de vie. »
Tu évoques l’arrivée du volley-ball à un moment important de ta vie. Peux-tu nous en dire plus sur ce que cela signifiait pour toi ?
« Quand je dis que le volley-ball est arrivé à un moment très important de ma vie, c’est parce que je viens d’une zone très modeste de Colombie. J’étais à un âge où je ne faisais que suivre l’école, sans vraiment savoir ce que je voulais faire de ma vie. Le volley est venu me transformer, à la fois en tant que personne et en tant qu’athlète. Plus que d’être reconnaissant envers Dieu et la vie de m’avoir donné la chance de devenir joueur professionnel de volley, je suis profondément reconnaissant d’avoir pu, grâce à ce sport, découvrir tant de régions du monde. Grandir en tant que personne est quelque chose de très gratifiant pour moi et pour chacun des membres de ma famille. »
N’étant pas issu d’une famille de volleyeurs et ayant grandi dans un milieu modeste, tu représentes sans doute une grande fierté pour tes proches et un modèle inspirant pour les jeunes issus de milieux similaires, n’est-ce pas ?
« Exactement. Ce que tu dis est tout à fait vrai, c’est une grande source de fierté pour ma famille ainsi que pour tous les enfants et les jeunes qui, aujourd’hui, me considèrent comme un exemple à suivre et commencent à nourrir des pensées positives quant à la réalisation de leurs rêves, notamment dans ces régions de Colombie où les ressources sont très limitées et où les familles vivent dans une grande modestie. »
À seulement 21 ans, bientôt 22, tu as déjà évolué en Colombie, en Roumanie, en Allemagne, en Espagne et en Libye. Comme tu l’as souligné, tu as beaucoup voyagé. Quel bilan tires-tu de ce parcours en si peu de temps ?
« Je ressens que ce que j’ai le plus appris et ce que je valorise le plus en ayant eu l’opportunité de vivre autant d’expériences à un si jeune âge, c’est cette possibilité de grandir un peu en tant qu’être humain, d’apprendre à gérer mon temps, de découvrir les cultures de chacun des pays où je suis passé, et surtout, de rencontrer des personnes formidables et des athlètes exceptionnels du monde entier, tout en ayant le privilège d’apprendre également de chacun de mes entraîneurs. »
J’imagine que suivre tes nombreux déplacements n’a pas toujours été simple pour ta famille. Tu as également souligné que ces expériences ont contribué à ta maturité et à ta gestion du temps. Mais au départ, n’as-tu pas ressenti une certaine appréhension à l’idée de quitter seul ton foyer et ton pays ?
« Évidemment, quand j’ai commencé, ça a été une épreuve très difficile, d’autant plus que j’ai débuté le volley-ball professionnel à seulement 17 ans. Je ressentais ce nœud au ventre, ces papillons, cette nervosité, comme n’importe quel être humain. En plus, je ne connaissais pas grand-chose au monde du volley international, donc j’avais toujours cette appréhension. Mais ce qui compte le plus dans tout ça, c’est que j’ai toujours eu une mère très présente, qui m’a énormément soutenu. C’est elle, au final, qui m’a donné le coup de pouce qu’il me manquait pour aller au bout de mes rêves. Elle m’a toujours dit : “Mon fils, je veux toujours le meilleur pour toi, et le meilleur pour toi, c’est ce que tu ressens. Si tu penses être prêt, alors vas-y, envole-toi.” Et grâce à ces beaux conseils, je peux dire aujourd’hui que je suis en train d’y arriver. »
Tu as débuté ta carrière professionnelle à 17 ans, mais à quel âge as-tu fait tes premiers pas dans le volley-ball amateur ?
« Mes débuts dans le volley-ball remontent à l’âge de 15 ans, en volley amateur. J’ai commencé à participer à des tournois nationaux dans mon pays, puis j’ai eu le privilège de participer à la Coupe du Monde des moins de 19 ans en Iran en 2021, où j’ai vraiment pu me faire connaître du monde du volley-ball international. »
En revenant sur le Championnat du Monde U19 de 2021, on note que tu as inscrit 30 points lors de ton premier match. Tu as également marqué 27 points contre la Biélorussie et 23 contre la Tchéquie. Ta mère avait donc pleinement raison de croire en toi. Suit-elle tes rencontres depuis la Colombie ?
« Réaliser mon rêve aujourd’hui, c’est grâce à Dieu et surtout à ma mère. Elle regarde habituellement quelques matchs depuis la maison, mais elle ne m’a plus jamais vu jouer en direct à cause de ses problèmes de tension et de cœur. Ce serait trop risqué pour elle de me voir de si près. Malgré tout, elle me soutient toujours et m’encourage constamment. »
Ton parcours est particulièrement émouvant. Es-tu enfant unique, ou as-tu des frères et sœurs qui évoluent également dans ce sport ?
« Nous étions en réalité quatre enfants. J’avais un frère, Sebastián, qui est décédé dans un accident de la route il y a environ sept ans, ainsi que deux sœurs, Dianis et Yulisa. Aucune d’elles ne pratiquait de sport, tandis que mon frère jouait au football. Je suis le benjamin de la fratrie. »
As-tu déjà imaginé représenter un jour l’équipe nationale senior lors d’un Championnat du monde, et qui plus est, lors de la toute première participation de la Colombie à cette compétition ?
« La vérité, c’est que j’ai toujours rêvé de participer à de grands tournois avec mon équipe senior, et quoi de mieux que de le faire lors du tout premier Championnat du Monde de l’histoire du volley-ball colombien, en apportant mon aide à l’équipe à chaque instant. Je manque tout simplement de mots pour exprimer ce que cela représente pour moi. »
Les spectateurs ont pu assister aux matchs de la Colombie et découvrir de nouvelles équipes ainsi que des joueurs comme toi. Tu as réalisé un bon Championnat du Monde, avec une détente impressionnante et une attaque puissante. Tu as marqué 11 points contre les États-Unis et 18 contre Cuba. Comment as-tu vécu ce Championnat du Monde ?
« Eh bien, la vérité, c’est que j’ai abordé le Championnat du Monde avec beaucoup d’enthousiasme et, plus que cela, avec une grande envie de profiter et d’apprendre. Je pense que, pour moi comme pour chacun de mes coéquipiers, ce fut une expérience extraordinairement grande et magnifique. Ce sont des moments comme ceux-là qui restent vraiment gravés dans nos cœurs, donc j’en ai pleinement profité et j’ai simplement essayé d’en tirer le maximum de plaisir et d’apprentissage. »
Ta poule n’était pas des plus faciles, avec les États-Unis, le Portugal et Cuba, trois équipes de haut niveau. Quel était l’objectif fixé pour ce Championnat du Monde ?
« Notre principal objectif lors de ce Mondial était de montrer un très bon niveau de volleyball, surtout que c’était notre première participation. Comme vous le savez, les premières impressions sont toujours très importantes. Même si nous avons clairement eu une belle opportunité de remporter notre dernier match contre le Portugal, ce que nous aurions pu faire ce jour-là (défaite 2-3), nous avons ressenti beaucoup de frustration. Mais nous comprenons aussi que l’objectif réel a été atteint : montrer un jeu de qualité et constant. C’est pour cela que je pense que nous avons réalisé que nous pouvons continuer à travailler pour que notre présence au Mondial devienne beaucoup plus régulière. »
Dans ton dernier post Instagram, tu mentionnes que c’était un moment historique pour le volleyball colombien, durant lequel tu as affronté tes idoles. Il y a une photo de toi avec Robertlandy Simón, une véritable icône du volleyball. Est-ce qu’il est une source d’inspiration pour toi ?
« La vérité, c’est que Simón a toujours été une source d’inspiration pour moi, car lorsque j’ai commencé à jouer au volleyball, il évoluait au poste de central, comme moi. Il a donc toujours été l’un de mes plus grands idoles d’enfance, et il l’est encore aujourd’hui. Mais quand ma position a changé, mon idole est devenue plutôt Nimir, le Néerlandais. Et quoi de plus beau que d’avoir pu jouer contre Robertlandy de cette manière ? »
Pendant combien de temps as-tu évolué au poste de central, et à quel moment as-tu décidé de passer à celui de Pointu ?
« J’ai commencé à jouer au poste de central, où j’ai évolué pendant environ deux ans. Lors de ma première année avec l’équipe nationale colombienne, l’entraîneur m’a dit que la meilleure position pour moi était celle de Pointu, et c’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à jouer à ce poste. »
Nous arrivons à la fin de l’entretien. La saison prochaine, tu joueras en Espagne, un championnat intéressant qui attire l’attention, notamment des clubs français lors de la période de mercato. Est-ce que tu aimerais un jour évoluer dans les championnats français, polonais, italien ou même allemand ?
« Eh bien, j’ai déjà eu l’opportunité de jouer en Allemagne, dans une grande équipe comme le VFB (Friedrichshafen). Ce fut une année durant laquelle j’ai beaucoup appris, même si mon rôle y était plutôt secondaire. J’aimerais revenir un jour en Allemagne, mais avec un rôle plus important. Mon rêve est de jouer dans le championnat italien. Avant d’y parvenir, j’aimerais passer par un championnat comme celui de la France ou de l’Allemagne, ce qui serait une excellente étape avant d’atteindre une ligue comme celle d’Italie. »
Que peut-on te souhaiter pour l’avenir, et quel message aimerais-tu adresser aux fans de volleyball aujourd’hui ?
« Pour l’avenir, je me souhaite avant tout beaucoup de succès dans le volleyball, et surtout de continuer à réaliser chacun des rêves dont je t’ai parlé, dont l’un est de pouvoir un jour évoluer dans le championnat italien. Quant au message que je voudrais adresser aux fans de volleyball, en particulier à ceux qui débutent, c’est de ne jamais abandonner, de se battre pour leurs rêves, car ils peuvent se réaliser. Il faut aussi faire preuve de patience, car ce sont dans les moments difficiles que l’on reconnaît les vrais guerriers. »