Petit pays nordique de 5,6 millions d’habitants niché entre la Suède, la Norvège et la Russie, la Finlande s’apprête à relever un défi de taille au Championnat du monde, qui se tiendra aux Philippines du 12 au 28 septembre. Placée dans un groupe particulièrement relevé aux côtés de la France, de l’Argentine et de la Corée du Sud, la sélection finlandaise pourra-t-elle se hisser au niveau de ses prestigieux adversaires et s’affirmer comme une véritable terre de volley ?
Un héritage modeste mais précieux
La Finlande peut se targuer d’un parcours historique discret mais significatif sur la scène du volley-ball mondial. Sa première apparition en Championnat du monde remonte à 1952, il y a 73 ans, lors de l’édition organisée à Moscou en URSS. Cette année-là, la sélection nordique avait signé une 11e place.
Si elle n’a jamais réellement figuré parmi les grandes puissances du volley mondial, la Finlande s’est montrée régulière au cours des décennies suivantes, avec cinq participations entre 1962 et 1982, oscillant généralement entre la 17e et la 20e position (1962 : 18e, 1966 : 19e, 1970 : 20e, 1978 : 17e, 1982 : 17e).

Malgré ce palmarès modeste, le pays a vu émerger plusieurs joueurs de haut niveau qui ont marqué l’histoire du volley européen. À commencer par Tuomas Sammelvuo, probablement le joueur finlandais le plus emblématique. Double vainqueur de la Ligue des champions en tant que joueur, puis une nouvelle fois comme entraîneur, il a également remporté deux titres de champion de France et soulevé une Challenge Cup. Autre figure marquante, Mikko Esko, passeur élégant et efficace, a mené une belle carrière à l’international, avec notamment un titre de champion de Belgique, une finale en Turquie et une place de finaliste en CEV Cup.
Grâce à ces individualités talentueuses, la Finlande a su maintenir un certain niveau de compétitivité sur la scène européenne, évoluant souvent dans le milieu voire le haut du tableau continental, sans jamais décrocher les sommets mondiaux. Un héritage qui inspire aujourd’hui une nouvelle génération prête à défendre les couleurs finlandaises aux Philippines.
La Finlande franchit un cap
Actuellement classée 18e au classement mondial FIVB, la Finlande a brillamment remporté la Golden League 2025, réalisant un parcours quasi parfait avec une seule défaite en phase de groupes (1-3 contre la Grèce). L’équipe a ensuite pris sa revanche en dominant la Grèce 3-0 en demi-finale, avant de s’imposer 3-1 en finale face à la Tchéquie.

Ce titre marque un moment historique pour la sélection finlandaise, qui décroche ainsi sa première médaille d’or européenne. Une vraie confirmation des progrès de l’équipe, comme le souligne Niko Suihkonen, réceptionneur-attaquant finlandais, passé par Chaumont et qui portera le maillot de Tours la saison prochaine : « Remporter la Golden League cet été, c’est un bon signe de progression pour l’équipe nationale finlandaise. Cela montre que nous sommes en train de franchir des étapes importantes. »
Pleine d’énergie et d’insouciance, la sélection finlandaise présente cette année un visage résolument jeune. Sur les 14 joueurs retenus pour le Championnat du monde, la moyenne d’âge s’établit à seulement 25 ans. Le plus jeune, Nooa Marttila (20 ans, 1m94), évoluera à Sète la saison prochaine, tandis que le vétéran du groupe, Eemi Tervaportti (36 ans, 1m93), mettra son expérience au service de Gebze Belediyesi en Turquie.
Un tournant générationnel que souligne l’international Niko Suihkonen : « À l’époque, il y avait beaucoup de joueurs expérimentés dans l’équipe, alors qu’aujourd’hui, on a surtout de jeunes talents. Le noyau est donc très jeune, ce qui est prometteur pour l’avenir. »
La Finlande s’inscrit ainsi dans une tendance globale observée chez plusieurs nations du volley mondial, comme la Bulgarie, qui mise sur les frères Nikolov, ou encore les États-Unis avec de jeunes espoirs tels qu’Ethan Champlin et Merrick McHenry.

Plus qu’un Mondial, une montée en puissance
La Finlande entamera son parcours au Championnat du monde 2025 face à l’Argentine de Marcelo Méndez, avant d’enchaîner avec un défi de taille contre la France d’Andrea Giani. Elle clôturera cette phase de groupes face à la Corée du Sud. Un groupe relevé, qui représente bien plus qu’un simple objectif de qualification pour les huitièmes de finale.
Pour l’ailier Niko Suihkonen, ce tournoi est avant tout l’occasion de se mesurer à l’élite mondiale : « Cette année, on a l’occasion de voir où l’on se situe au niveau mondial en affrontant certaines des meilleures équipes, comme la France et l’Argentine. »
Plus qu’un test ponctuel, ce Mondial s’inscrit dans une dynamique de progression pour le volley finlandais. Car au-delà du court terme, c’est un projet de fond qui se construit. L’objectif affiché est ambitieux : décrocher une qualification pour la Ligue des Nations (VNL) 2027. « Notre grand objectif, c’est de nous qualifier pour la VNL en 2027. », affirme Suihkonen.
Un groupe en mutation et une présence croissante à l’international
Cette montée en puissance s’explique par plusieurs facteurs, à commencer par la présence croissante des joueurs finlandais dans les grands championnats européens. « Le plus grand changement, c’est probablement que, à mes débuts, la majorité des joueurs jouaient encore dans le championnat finlandais. », analyse Suihkonen. Aujourd’hui, sur les 14 joueurs sélectionnés pour ce Mondial, 13 évoluent à l’étranger :
Tervaportti (Turquie), Ivanov (Allemagne), Jokela (France), Lindqvist (Italie), Mäkinen (Roumanie), Ronkainen, Suihkonen (France), L Marttila (Italie), N Marttila (France), Tyynismaa (Allemagne), Haapaniemi (Belgique), Savonsalmi (Roumanie), Breilin (Belgique), Köykkä (Pologne).
Une génération qui pousse derrière
La progression de la Finlande ne se limite pas à son équipe première. Les résultats des sélections jeunes confirment un travail de fond sur le long terme. « Il y a aussi eu de bons résultats chez les U20, U19 et U18, ce qui montre que les programmes des équipes nationales juniors ont vraiment fait du bon travail. », souligne Suihkonen, présent en sélection A depuis 2018. Un exemple marquant : la sélection U19, qui a terminé 7e au Championnat du monde de sa catégorie cette année, avec une élimination en quart de finale face à l’Iran (1-3).

La liste des 14 finlandais sélectionnés pour le Mondial :
Pointu : Joonas Jokela (Cambrai), Veikka Lindqvist (Milano)
Passeur : Fedor Ivanov (Berlin), Eemi Tervaportti (Gebze)
Réceptionneur-attaquant : Antti Ronkainen (Maaseik), Niko Suihkonen (Tours), Luka Marttila (Monza), Nooa Marttila (Sète)
Central : Petteri Tyynismaa (Duren), Miika Haapaniemi (Roeselare), Severi Savonsalmi (Central), Juho Kaunisto (Hurrikaani)
Libéro : Voitto Köykkä (Gdansk), Niklas Breilin (Maaseik)