VolleyActu : Pour commencer, comment te décrirais-tu à quelqu’un qui n’a jamais entendu parler de toi ?
Enzo Lopez : « Franchement, je dirais un gagnant, un affamé de victoire, mais peu importe le sport ou le jeu, j’ai toujours envie de gagner. Après, je dirais quelqu’un de joyeux et souriant, mais qui sait être très sérieux dans les moments importants. »
Le volley a-t-il toujours été une évidence pour toi, ou tu as d’abord essayé d’autres disciplines, comme le foot par exemple ?
« En fait, j’ai une famille de footeux, donc depuis tout petit, j’ai fait du foot. Le père d’une copine à moi, à l’âge de 4 ans, était coach de volley et m’a proposé de venir essayer le baby volley, et j’ai accroché directement. Donc, j’ai fait du foot et du volley en même temps de mes 4 ans à mes 11 ans, et après, que du volley. »
Et par curiosité, qu’est-ce qui a fait pencher la balance vers le volley plutôt que le foot ?
« Franchement, mon niveau. En fait, je voulais continuer le foot, mais mes parents m’ont conseillé de faire du volley. J’avais un bon jeu de tête au foot, mais mon pied droit n’était pas assez bon. Du coup, ils m’ont conseillé de me mettre uniquement au volley. »
Quel a été ton parcours avant ta première sélection en équipe de France jeunes en 2022 ?
« J’ai été à Nîmes pendant 9 ans, et après, je suis rentré au Pôle Espoir, et du coup, je suis parti à l’ASBAM. »
Tu as rejoint le Pôle France juste après ta première sélection en équipe de France U18 c’est bien ça ?
« Ouais, c’est ça, j’ai fait ma première sélection au Pôle Espoir, et l’année d’après, je suis rentré au Pôle France. »

Justement, en 2022, tu participes à ton premier championnat d’Europe U18 avec l’équipe de France. Malgré une défaite en finale, aux côtés de joueurs comme Mathis Henno, Joris Seddik ou encore Noa Duflos-Rossi, ce tournoi a marqué un tournant pour toi. Comment as-tu vécu cette première grosse expérience, entre échec collectif et réussite personnelle ?
« C’était ouf, personnellement je me suis régalé, mais la défaite en finale nous a fait très mal au moral collectivement. Et après ça, il y a eu un changement dans le collectif, et on l’a bien vu : on n’a plus perdu un seul match depuis. »
Ta première compétition avec l’équipe de France jeunes et ça se termine par une défaite en finale… Toi qui es un vrai compétiteur et qui détestes perdre, comment tu as fait pour encaisser ça ? Comment on rebondit après une telle désillusion ?
« C’était vraiment dur mentalement, mais heureusement que Slimane, le coach, a été là pour nous. Il nous a aidés à comprendre ce qu’il ne fallait pas faire et à nous améliorer. Franchement, le rôle du coach a été vraiment clé. Puis même, on a eu tellement d’orgueil après cette compétition qu’on s’était promis de ne plus jamais perdre une finale. »
Dans la foulée du championnat d’Europe, tu entames ta première saison en Ligue B avec le Pôle France. Tu alternes les apparitions, mais tu marques les esprits, notamment face à Martigues avec 39 réceptions et un très bon ratio. Qu’est-ce que cette saison t’a apporté ?
« Franchement, cette année-là, pour moi, elle a été trop bien. J’ai goûté au haut niveau, j’ai pris ma place et je me suis affirmé en CFC, donc c’était super. Et l’enchaînement avec l’été, c’était juste ouf. La saison a été parfaite. »

Au fil de la saison avec le Pôle France, tu montres de belles choses, comme lors de cette seule et belle victoire face à Lyon. Tu gagnes en visibilité, et cela t’ouvre les portes de l’équipe de France U19 pour le Mondial. Tu te souviens de comment tu as appris la nouvelle ? Et de ta réaction ?
« Ah bah, j’étais trop content, c’était un accomplissement et une récompense de l’année. Puis en plus, le titre au bout, c’était un rêve. »
Une saison inoubliable pour toi. Ton premier grand titre, et pas des moindres puisqu’il s’agit du championnat du monde U19 avec l’équipe de France. Vous réalisez un sans faute, enchaînant 8 victoires dont une finale gagnée 3-1 contre l’Iran. Quelle saveur a un tel sacre ?
« Franchement, on n’a pas du tout réalisé sur le moment, et même encore maintenant, c’est difficile de se dire qu’on a été la meilleure équipe du monde. Mais c’est ma plus grande fierté, je pense, à l’heure d’aujourd’hui. »
Lors de ta dernière saison au Pôle France, en 2023/2024, tu deviens un élément central de l’équipe, titulaire indiscutable. Vous réalisez sans doute l’une des meilleures saisons du Pôle avec 8 victoires et 14 défaites, en mettant en difficulté presque toutes les équipes de Ligue B. Est-ce que tu as senti que tu franchissais un cap cette année-là ?
« Ouais, cette année-là, elle m’a permis de m’affirmer et de prouver ma place. J’occupais une place assez centrale dans l’équipe, donc ce rôle était important pour moi, et nouveau, mais c’était hyper satisfaisant à jouer. »
Qu’est-ce qui, selon toi, a permis au groupe du Pôle France d’être aussi compétitif cette saison ?
« Je pense que c’est l’entente qu’on a eue entre tous les joueurs. Tout se passait bien avec le staff, c’était super. On bossait très bien et on était hyper déterminés. »
Cette saison, tu t’imposes au Pôle France et décroches deux titres européens avec les Bleus U20 et U22. Cinq ans plus tôt, tu t’imaginais en arriver là ?
« Non, jamais. Il y a 5 ans, je rêvais juste de faire une sélection en équipe de France ou juste un stage France. Alors m’imaginer représenter les couleurs de la France et gagner des titres, c’était un rêve ultime. »
Révélé au grand public, tu portes désormais l’étiquette de “Grebennikov Junior”, celui qu’on voit comme la relève. Est-ce flatteur d’être considéré comme le successeur de l’un des plus grands libéros du monde ?
« Ahh oui, c’est sûr, c’est très flatteur, mais il reste quand même d’importants libéros entre Jenia et moi. Je parle de Ramon, Loubeyre, Diez, et j’en passe. Donc oui, c’est une très grande fierté de porter cette étiquette, et c’est un rêve d’accéder à sa place, et bien sûr, de faire mieux que lui. »
Avec une saison pleine en Ligue B et deux sacres européens en équipe de France jeunes, tu attires forcément l’attention. Avant de signer à Sète, as-tu été sollicité par d’autres clubs, que ce soit en France ou à l’étranger ?
« Oui, avant que Nantes coule, j’ai beaucoup discuté avec Hubert, qui m’a présenté le projet, et il était vraiment intéressant. Je comptais signer à Nantes, mais lorsque l’Arago a appris ça, ils m’ont fait une offre impossible à refuser, donc j’ai signé direct. Après, j’ai discuté avec Paris, mais rien de
bien concret. Sète s’est positionné très tôt sur moi et j’ai signé au plus vite. »

Qu’est-ce qui rendait cette offre impossible à refuser, si ce n’est pas trop indiscret ?
« Ils m’ont proposé un contrat professionnel sur 3 ans en sortie du Pôle France. C’était du jamais vu, c’était impossible à refuser. »
Ton intégration à l’Arago s’est-elle faite facilement ?
« Oui, avec les joueurs, très bien. Les vieux m’ont hyper bien accueilli. Mais avec les coachs, compliqué dès le début. J’ai senti directement qu’ils ne me faisaient pas confiance, et après, ça s’est avéré vrai au fil de la saison. »
Justement, j’allais y venir. Tu as débuté la saison comme titulaire lors du premier match, avant de partager le poste avec Matteo Martino Gauchi, ton ancien coéquipier du Pôle France. Parfois en alternance, parfois en complémentarité. Est-ce une situation à laquelle tu t’attendais, ou pensais-tu commencer la saison comme titulaire indiscutable ?
« Ah non, ce n’est pas du tout ce à quoi je m’attendais. Le projet, c’était que je sois titulaire et rien d’autre. Or, quand je suis arrivé, les deux coachs avaient tout autre chose en tête, même avant que je joue mon premier match. Donc oui, saison compliquée, très compliquée. »
Qu’est-ce qui, selon toi, a conduit l’Arago à rater sa saison ? Sur le papier, l’équipe avait pourtant bien recruté et semblait avoir les moyens de viser les playoffs.
« Ah oui, tout était très bien écrit. L’équipe était, je pense, assez complète. Le problème, ça a été le manque de travail qu’a reçu le collectif. On allait jouer des matchs avec deux entraînements dans la semaine, donc c’était vraiment pas facile. Puis la direction a eu du mal à gérer ce changement de salle, cette organisation particulière où tu dois jouer à l’extérieur même à domicile. »
Le limogeage de Luc Marquet a-t-il eu un réel effet sur le collectif, ou au final, ça n’a pas apporté de vrai changement ?
« Ça a apporté quelque chose de différent, c’est tout. Mais personnellement, en termes de qualité d’entraînement, c’était quelque chose qui me correspondait plus. »
Qu’est ce que tu entends par là ? Quel type d’entraînement te correspond vraiment, celui que tu apprécies et que tu avais du mal à retrouver quand Luc Marquet était encore aux commandes de l’Arago ?
« On faisait plus d’oppositions dirigées avec beaucoup de ballons. Ensuite, en début de semaine, il y avait souvent du travail spécifique, et c’était plus le type de travail que je faisais avec le Pôle France. »
Plusieurs fans t’ont vu échanger avec le président Bastien Anglade. Qu’est-ce qui t’a poussé à partir malgré ce contrat de trois ans, que tu décrivais comme du jamais vu ?
« Parce que je trouvais le projet de Narbonne bien meilleur, avec des gens plus engagés, et surtout un club qui me correspondait beaucoup plus que l’Arago, finalement, avec un projet d’équipe sûrement plus intéressant. »
Est ce que tu sais si certains joueurs avec qui tu as déjà joué seront à Narbonne avec toi la saison prochaine ?
« Oui, je sais qui sont les joueurs, et non, je n’ai déjà joué avec personne. »

Est-ce que tu comptes suivre un peu l’équipe de France en Ligue des Nations et au championnat du monde ?
« Bien sûr, toujours. »
Si tu devais donner un pronostic, la France gagne la Ligue des Nations et le championnat du monde ?
« Bien sûr, pas le choix, mais au moins une finale. »
Pour conclure, quels objectifs te fixes-tu avec l’équipe de France ? Et à quel horizon tu te vois intégrer le groupe ?
« Je me fixe comme objectif d’être champion olympique, c’est le rêve ultime. Je sais pas trop dans combien de temps, mais l’objectif, c’est d’intégrer le groupe le plus rapidement possible. Je sais que j’ai le temps, je vais bosser sur moi-même et j’espère bientôt intégrer ce groupe et prendre ma place. »