VolleyActu : Quel a été ton cheminement dans le volley durant ton enfance ? Quand et où as-tu commencé ?
Bruno Dias : « J’ai commencé à jouer au volley-ball dans ma ville natale, Esmoriz. Un ami m’a invité à un entraînement une fois, quand j’avais sept ans. J’ai aimé ce sport et j’ai commencé à y jouer depuis ce moment-là. »
Comment qualifierais-tu le niveau du volley au Portugal ? On sait que tu as joué à Esmoriz, peux-tu nous en dire plus ?
« Il y a deux ou trois équipes avec un très bon niveau, mais il y a un grand écart avec le reste du championnat. Cela rend le championnat moins compétitif et plus prévisible, contrairement à la France où chaque équipe peut battre une autre. À part cela, il y a beaucoup de joueurs de grande qualité. J’ai joué à Esmoriz pendant treize ans. J’y ai fait toute ma formation et j’ai joué dans l’équipe première pendant trois ans. J’ai gagné cinq championnats nationaux en jouant ici, ainsi qu’un trophée avec l’équipe première. »
Signer à Piacenza à seulement 20 ans, lors de la saison 2023/2024, c’est fort ! Avec l’importance grandissante donnée aux jeunes par les grands clubs, comment ton transfert s’est-il concrétisé ? Car faire le saut d’un club portugais à un géant italien n’est pas donné à tout le monde.
« Oui, c’est vrai. La saison avant que je parte à Piacenza a été difficile, car je ne jouais pas beaucoup. Ainsi, quand j’ai reçu l’offre, j’ai été vraiment surpris. C’était un choix facile à faire, car je ne pouvais pas refuser une offre aussi incroyable, et je suis heureux d’y être allé, car cela a été une année vraiment bonne et importante pour moi. »

Tu as été le second passeur aux côtés d’Antoine Brizard, double champion olympique et l’un des meilleurs à son poste. Quel effet cela fait-il d’évoluer derrière lui et qu’as-tu appris à ses côtés ?
« Antoine est l’un des meilleurs passeurs au monde et je cherche à apprendre et jouer avec lui. Nous avons des caractéristiques différentes : il est bien plus physique que moi, donc naturellement il fait des choses que je ne fais pas. La principale chose que j’ai apprise avec lui, c’est de rester calme dans des situations chaotiques et stressantes, et aussi de réussir à bien y performer. J’ai vraiment aimé jouer à ses côtés, ainsi qu’avec tous les autres coéquipiers. C’était une saison qui m’a beaucoup appris, et peut-être celle où j’ai le plus progressé. »
Après une saison aux côtés de grands noms comme Antoine Brizard, Yoandy Leal ou Lucarelli, tu as décidé de signer à Nice. Était-ce une décision réfléchie parmi plusieurs options, ou ton choix était-il déjà clair ?
« Après l’année passée à Piacenza, je me sentais prêt à jouer, alors j’ai essayé de trouver une équipe dans un bon championnat où je pourrais montrer ma valeur. J’avais d’autres options, mais Nice semblait être la meilleure équipe. Je suis vraiment content de la décision que j’ai prise. »
Par curiosité, quelles étaient ces options ?
« Quelques équipes en Belgique et au Portugal, d’autres aussi mais je ne me souviens plus. »
À ton arrivée à Nice, Brice Donat t’a donné un rôle majeur. Que ressent-on lorsqu’on passe directement à une place de titulaire dans un club avec de fortes ambitions, dans l’un des meilleurs championnats du monde ?
« Comme je viens de le dire, je sentais que j’étais prêt pour ce rôle. Bien sûr, au début c’était difficile parce que je n’avais jamais joué à un niveau comme celui du championnat français, mais au fil des matchs, j’ai commencé à me sentir plus à l’aise et plus confiant. Je remercie Brice pour l’opportunité et la confiance qu’il m’a accordées, cela a beaucoup compté pour moi. »

En début de saison, toi qui es le chef d’orchestre de cette équipe niçoise, ton intégration s’est-elle faite rapidement ? Surtout dans un contexte où plusieurs jeunes faisaient leurs premiers pas dans le monde professionnel.
« Je pense que mon intégration s’est faite de manière assez normale. Il y a eu pas mal de hauts et de bas au début. Rapidement, Simon Hirsch et moi avons trouvé une bonne connexion, et après ça, je pense que tout s’est enchaîné assez vite avec les autres. Je suis d’accord avec ce que tu as dit : le fait qu’il y ait autant de jeunes a vraiment facilité les choses. On a d’ailleurs beaucoup travaillé sur nos connexions en début de saison. »
Avec Nice, vous êtes allés chercher de grosses victoires cette saison, comme le doublé contre Chaumont de Joseph Worsley, élu MVP et meilleur passeur, ou encore un net 3-0 face à Tourcoing. Quel bilan fais-tu de cette saison régulière ?
« Je pense que nous avons fait une très bonne saison régulière. Surtout à domicile, nous étions une équipe difficile à affronter. Le double succès contre Chaumont, la victoire contre Tourcoing et celle contre Poitiers à la maison ont été, selon moi, les meilleurs moments et matchs de la saison. Notre premier objectif était d’atteindre les playoffs, et finir la saison à la cinquième place avec peut-être une qualification pour une coupe européenne, c’était vraiment spécial. Je pense que le groupe le méritait, car nous avons travaillé très dur tout au long de la saison. »
Les playoffs ont été plus difficiles pour toi, notamment lors des deux premiers matchs des quarts de finale où tu n’étais apparemment pas à 100%. Que s’est-il passé ?
« Oui, les deux premiers matchs ont été vraiment difficiles pour moi. Je suis tombé malade et je ne pouvais presque rien manger. Dans le premier set des deux matchs, je me sentais bien, mais après ça, j’étais complètement à court d’énergie. J’ai tout donné tant que j’ai pu, mais je me sentais mal. »
Face à Tours, vous vous êtes inclinés lors de vos cinq confrontations cette saison. Selon toi, qu’est-ce qui rend cette équipe si difficile à battre, tout comme Montpellier, contre qui vous n’avez pas non plus décroché de victoire ?
« Nous n’avons pas réussi à trouver un moyen d’arrêter Tours. Ils ont beaucoup d’expérience, et chaque fois que nous parvenions à neutraliser un de leurs points forts, ils trouvaient une autre façon de marquer. Nous avions du mal à adapter notre jeu quand eux changeaient le leur. Montpellier, c’était un peu différent : ils ont un très bon bloc/défense et nous avions des difficultés à marquer contre eux. »
Si tu devais dresser un bilan de ton année à Nice, que retiendrais tu sur le plan individuel et collectif ?
« Je pense que c’était une année incroyable. Nous aurions aimé être plus compétitifs pendant les playoffs, comme nous l’avons été lors du match trois, et essayer de nous battre pour le titre. Cela ne s’est pas produit, mais l’équipe n’a jamais cessé d’essayer, de travailler et de croire que c’était possible. L’esprit d’équipe était incroyable et le groupe vraiment sympa. J’aimerais mentionner Ryley Barnes qui, même blessé pendant presque toute la saison, n’a jamais cessé de nous soutenir et de nous aider comme il le pouvait. Sur le plan individuel, c’était aussi très positif. Première année en tant que titulaire dans une équipe professionnelle, surtout dans un championnat comme celui de France, et je pense avoir montré un bon niveau. J’ai beaucoup progressé au cours de la saison, et c’est le plus important, car je suis encore jeune. »

Brice Donat a récemment parlé de toi en disant qu’il te voyait devenir l’un des meilleurs joueurs du monde à ton poste dans les prochaines années. Qu’est-ce que cela te fait d’entendre ça ?
« Bien sûr, c’est agréable de voir mon talent reconnu, mais je sais que j’ai encore beaucoup de travail à faire, et pour arriver au niveau dont il parle, il faudra encore beaucoup d’efforts. Comme je l’ai dit plus tôt, je suis encore jeune, je dois développer mon jeu, et c’est là-dessus que je me concentre. Quoi qu’il en soit, je remercie Brice pour tout le soutien et la confiance qu’il m’a accordés tout au long de la saison. »
Qu’est-ce qui t’a marqué dans cette équipe de Nice ? Et comment se déroule le travail au quotidien avec Brice Donat, fort de son expérience auprès des meilleurs joueurs au monde ?
« Je pense que c’était la capacité à travailler à 100% chaque jour de la semaine. Brice est un entraîneur très expérimenté, donc il ne nous laisse aucun moment de relâchement. Il est également exigeant sur chaque action que nous faisons sur le terrain. La manière dont l’équipe a répondu à cela à l’entraînement, que ce soit dans les bons ou les mauvais moments, c’est quelque chose à quoi je ne m’attendais pas. »
Des bruits circulent autour du mercato, notamment concernant ton arrivée à Tourcoing comme nouveau passeur. Pour combien de saisons t’es tu engagé avec l’équipe de Dorian Rougeyron ?
« J’ai signé seulement pour un an »
Avais-tu d’autres options sur la table ? Qu’est-ce qui a motivé ton choix pour Tourcoing ?
« J’avais d’autres propositions, mais j’ai choisi ce club parce que c’était le projet qui me plaisait le plus. C’est un club ambitieux, ce qui correspond à mes objectifs. »
Avec Tourcoing, beaucoup de jeunes talents partent ensuite à l’étranger, comme Amir après sa grande saison. Est-ce que le fait de passer derrière lui, après son titre en Coupe de France et son impact parmi les espoirs français, représente un défi particulier pour toi ?
« Je ne fais pas vraiment attention aux autres. Je me concentre sur ma carrière et sur moi-même. Mon objectif, c’est d’aider Tourcoing à gagner davantage et à remporter de nouveaux titres. »

Quels objectifs te fixes tu pour les prochaines années ?
« La première et la plus importante chose est d’améliorer mon jeu. Le reste des objectifs sera une conséquence de meilleures performances. Ensuite, je veux remporter des titres dans les meilleurs championnats (France, Italie et Pologne) et commencer à jouer pour aider mon pays à obtenir de bons résultats. Participer aux Jeux Olympiques serait également un rêve devenu réalité. »
Avec une 22ème place mondiale, le Portugal va affronter les États-Unis, Cuba et la Colombie en poule D des Championnats du monde. Même si la mission semble compliquée, rien n’est joué. Quel regard portes-tu sur le futur de cette sélection portugaise ?
« Cette équipe portugaise a beaucoup de talent. Nous avons certains des meilleurs joueurs du monde à leur poste, comme Miguel Tavares et Alex Ferreira. Nous pouvons être très compétitifs et battre de bonnes équipes. Pour l’avenir, un bon travail est en train d’être fait dans la formation des jeunes joueurs. Le Portugal commence à se qualifier pour les championnats d’Europe chez les jeunes, et cela aide l’équipe nationale à maintenir un bon niveau avec de nouveaux joueurs. Je vois un avenir prometteur pour le volley-ball portugais, et j’espère pouvoir y contribuer. »