Mathis Henno : « Et là, quand il m’appelle pour faire le championnat du monde […] C’est le bonheur absolu. »

Photo de Mathis Henno avec le maillot de l'équipe de France (Alexandre Philippe / alexp_work)
Photo de Mathis Henno avec le maillot de l'équipe de France (Alexandre Philippe / alexp_work)
À seulement 20 ans, Mathis Henno s’est déjà construit un palmarès impressionnant : champion du monde U19, double champion d’Europe U20 et U22, vainqueur de la Coupe de France. Considéré comme l’un des plus grands espoirs du volley français, l’ancien joueur de Chaumont s’apprête à franchir une nouvelle étape de sa carrière en rejoignant le club polonais de Gorzow. Dans une interview exclusive, il revient sur son parcours en France, sa sélection en équipe nationale et ses ambitions pour la suite.

VolleyActu : Comment tu vas, déjà ? Tu as eu droit à un peu de vacances après ta saison à Chaumont ?

Mathis Henno : « Ça va très bien, merci ! J’ai eu une semaine de vacances. »

La saison dernière, tu devais initialement jouer à Nantes, mais avec les problèmes rencontrés, le club a finalement fermé ses portes. Tu as alors rejoint Chaumont. Comment as-tu vécu cette situation, et comment s’est passée cette transition ? C’était une période assez délicate

« C’était une situation assez difficile, parce que tous les joueurs se sont retrouvés sans club à partir du mois de juin. Trouver un club en juin, c’est vraiment compliqué. Mais par chance, Chaumont m’a contacté : il leur manquait un R4 (réceptionneur-attaquant), et j’ai accepté leur proposition avec grand plaisir. La saison s’est super bien passée, j’ai même remporté plusieurs titres individuels, donc je suis vraiment content. »

Tu as rejoint Chaumont, un club qui a disputé la Marmara SpikeLigue, la Ligue des Champions, la Coupe de France, et également la CEV Cup après avoir été repêché. C’était une saison particulièrement chargée…

« Oui, on a vécu une saison vraiment longue. »

Photo de Mathis Henno (Alexis Langlet)
Photo de Mathis Henno (Alexis Langlet)

Tu as réalisé une grosse saison : 371 points en 27 matchs de Marmara SpikeLigue, avec 51% de réussite en attaque, 48% de réceptions positives, 30 aces et 15 blocs. C’est bien plus qu’une simple bonne saison ! D’ailleurs, elle a été récompensée par un trophée LNV de meilleur jeune et de meilleur réceptionneur-attaquant, aux côtés de ton ancien coéquipier Tomas Lopez. Comment tu décrirais ta saison, toi ?

« Individuellement, c’est sûr que j’ai fait une très bonne saison. Quand on regarde les statistiques, on voit que mes performances ont été solides. Mais le plus important reste le collectif, et forcément, j’ai un peu de regrets de ne pas avoir remporté de trophées avec Chaumont cette année, surtout qu’on avait une équipe vraiment solide. Je pense qu’on avait les moyens et la capacité de décrocher au moins un titre cette saison. »

Cette saison, bien qu’elle se termine sans titre, se conclut en beauté avec ta sélection en équipe de France. Est-ce l’un des rêves que tu espérais atteindre ?

« Bien sûr, l’équipe de France a toujours été un rêve. C’est vite devenu un objectif, et j’ai pu l’atteindre directement cette année. Je suis très reconnaissant. »

Comment as-tu appris ta sélection en équipe de France senior ?

« C’est grâce à Laurent Lecina, le préparateur physique de l’équipe de France, qui m’a contacté pour m’annoncer que j’allais participer au stage à Tours. »

Photo de Mathis Henno avec le maillot de l'équipe de France lors d'un match amical
Photo de Mathis Henno avec le maillot de l'équipe de France lors d'un match amical (Alexandre Philippe / alexp_work)

Tu as été sélectionné pour la semaine 1, que tu as commencée avec une belle prestation malgré la défaite face à l’Argentine. Malheureusement, tu t’es blessé lors du deuxième match contre l’Italie. Mentalement, ça a dû être difficile… Arriver en équipe de France et se blesser dès le deuxième match, comment l’as-tu vécu ?

« J’étais dans une très bonne période, donc me blesser à ce moment-là a été très frustrant. Mais comme j’avais déjà montré de belles choses, que ce soit en match amical ou au début de la VNL (Ligue des Nations), les coachs m’ont vraiment fait confiance. Plutôt que de m’écarter du groupe, ils m’ont dit : « Tu vas faire la rééducation avec nous, tu vas revenir avec nous. » Je les remercie sincèrement pour la confiance qu’ils m’ont accordée, je suis très reconnaissant. »

Tu n’as pas été retenu pour la deuxième semaine afin de te remettre de ta blessure, mais tu fais ton retour dans l’effectif pour la troisième. Une semaine marquée par deux gros matchs face à Cuba et à la Pologne. Contre les Polonais, tu réalises une performance énorme qui a véritablement impressionné les fans français au point que Tomasz Fornal lui-même a déclaré que tu l’avais vraiment impressionné. Qu’est-ce que ça t’a fait de jouer contre l’une des meilleures équipes du monde ? Et comment as-tu réagi en entendant ces mots de la part d’un joueur comme Fornal ?

« Le fait d’avoir pu jouer contre une équipe comme la Pologne, actuellement numéro un au classement mondial, m’a permis de situer un peu mon niveau. Réaliser une bonne performance montre que je peux apporter quelque chose au groupe, que je peux être là pour l’équipe. Je suis content d’avoir livré un bon match face à la Pologne et, évidemment, les mots de Fornal m’ont fait plaisir, car c’est un joueur que j’apprécie énormément, une véritable star internationale. Je suis très heureux de m’être fait remarquer lors de ce match, et j’espère que cela va continuer. »

Mathis Henno face à la Pologne lors de la VNL 2025 (czas siatkowki)
Mathis Henno face à la Pologne lors de la VNL 2025 (czas siatkowki)

Après la phase régulière, tu es de nouveau sélectionné pour la phase finale. En quart de finale, vous vous inclinez 1-3 face à la Slovénie dans un match assez compliqué. Plusieurs cadres de l’équipe ont reconnu dans la presse que cette défaite était, et resterait, difficile à digérer. Est-ce que toi aussi, elle t’a particulièrement touché ?

« Elle m’a touché, bien sûr, car ce n’était pas l’objectif que nous nous étions fixé en VNL (Ligue des Nations). Malheureusement, nous avons fait une semaine d’entraînement moyenne, et c’est sûrement à cause de cela que nous avons perdu. Nous n’avons pas été assez agressifs contre la Slovénie, et eux ont très bien joué, donc la défaite est logique. »

Qu’est-ce que tu veux dire exactement quand tu parles d’une semaine d’entraînement “pas terrible” ?

« Peut-être que le décalage horaire a été difficile à encaisser, ce qui a fait baisser la qualité de notre jeu. »

Nous avons appris la liste des 15 joueurs de l’équipe de France retenus pour la préparation du Mondial 2025 à Okinawa, au Japon. L’entraîneur décidera s’il partira avec 14 ou 15 joueurs pour la phase finale aux Philippines. Qu’est-ce que ça te fait d’être sélectionné pour le championnat du monde senior alors qu’il y a seulement deux ans, tu remportais le championnat du monde U19 ?

« Honnêtement, je ne pensais pas en arriver là dès cette année. Je suis super content. Moi, quand il (Andrea Giani) m’avait appelé, c’était plutôt pour la semaine de préparation pour la VNL, pour faire une étape, voire deux si c’était ambitieux. Au final, je me retrouve à faire la première et la troisième, puisque je me suis blessé et que je n’ai pas pu faire la deuxième, plus la phase finale, plus le stage pour les Mondiaux. Donc déjà, à ce moment-là, j’étais super heureux. Et là, quand il m’appelle pour faire le championnat du monde, qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? C’est le bonheur absolu. »

Photo de Mathis Henno aux côtés de François Huetz en Ligue des Nations
Photo de Mathis Henno aux côtés de François Huetz en Ligue des Nations (volleyballworld)

Après ce championnat du monde, tu rejoindras la Pologne pour jouer à Gorzów. Une vraie réunion de famille puisque Hubert Henno sera l’entraîneur là-bas, tandis que Hilir Henno évoluera à Lublin. Ça doit être spécial de pouvoir jouer à la fois avec et contre des proches, non ?

« Ce sera la première fois qu’on se réunira en famille, donc c’est un vrai plaisir. Déjà, pouvoir rejouer avec mon père, c’est vraiment génial. À Nantes, ça s’était super bien passé, alors je me suis dit : pourquoi pas repartir pour une nouvelle année ? Et en plus, en Pologne, l’expérience va être top. Affronter mon frère, ça va être drôle aussi ! On n’a jamais joué l’un contre l’autre, donc ce sera une première… et ça promet d’être chaud, chaud, chaud ! »

Qui sortira vainqueur de ce face-à-face fraternel ?

« Je pense qu’il a une meilleure équipe, mais on peut vraiment les embêter. »

Qu’est-ce qui t’a poussé à choisir Gorzów ?

« Moi, je cherchais un club à l’étranger qui puisse vraiment me donner du temps de jeu. J’ai eu pas mal de propositions, notamment en Italie et en Pologne, mais rien de très concret pour jouer directement. Le club de Gorzow, c’était parfait pour moi, parce que c’est un club plutôt milieu ou bas de tableau, donc je me suis dit que ça pourrait bien marcher pour que je joue. En plus, être entraîné par mon père, avec qui ça s’est très bien passé à Nantes, c’est un petit bonus qui fait vraiment plaisir. »

On sait que ce duo père-fils fonctionne bien : vous avez remporté ensemble la Coupe de France avec Nantes lors de la saison 2023-2024. L’objectif de décrocher le championnat polonais paraît cependant ambitieux, surtout face à des grosses écuries comme Jastrzębski, Lublin ou Zawiercie. Avez-vous déjà une idée de ce que vous souhaitez accomplir la saison prochaine ?

« Oui, c’est vrai que ce serait ambitieux de dire que notre objectif, c’est de gagner le championnat. Non, notre objectif principal, c’est d’abord d’aller en playoffs. On sait que, si on y parvient, toutes les cartes seront redistribuées. Et à partir de là, pourquoi ne pas aller embêter le haut de tableau et tenter de créer l’exploit, entre guillemets. »

As-tu pu échanger avec certains cadres de l’équipe, comme Benjamin Toniutti, Trévor Clévenot, Jean Patry ou Yacine Louati, qui ont déjà évolué en Pologne, afin de recueillir leurs conseils ?

« Un petit peu, oui. En tout cas, ils m’ont transmis une image très positive du volley. »

Merci d’avoir répondu à nos questions, Mathis. Pour conclure, que peuvent te souhaiter tes fans, et nous tous, pour la suite de ta carrière ?

« De la réussite ! »

3 réponses

  1. Quelle maturité dans ses analyses ! Même
    Si l’on sait que de l’excellent sang de volley coule en lui !
    Je le suis depuis une ou plus de deux ans et quelle ascension ! Chapeau !!!

  2. Quelle chance on a eu de l’avoir une saison à chaumont. Et un vrai plaisir pour moi de le mettre dans mon viseur. C’est mérité ce qu’il lui arrive. Il est bourré de talent et d’ici peu, l’EDF ne pourra plus se passer de lui

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