Lucas Salles, la revanche d’un enfant des favelas

Lucas Salles a joué au Brésil jusqu’en 2021, puis a pris la direction de la France, où il évolue depuis et où il poursuit encore sa carrière. (Volleytimes)
Lucas Salles a joué au Brésil jusqu’en 2021, puis a pris la direction de la France, où il évolue depuis et où il poursuit encore sa carrière. (Volleytimes)
Arrivé en France en 2021, Lucas Salles n’a cessé de gravir les échelons. Passé par Mende puis Ajaccio, le central brésilien s’impose aujourd’hui comme l’une des valeurs sûres de ce début de saison en MSL. Entre parcours atypique, travail acharné et ambitions grandissantes, portrait d’un joueur qui ne cesse de monter en puissance.

Originaire du Brésil, Lucas Salles débute le volley-ball à 16 ans. Pourtant, le volley n’a pas toujours été son sport de prédilection. Né dans les favelas, où le football est omniprésent, Lucas passe la majeure partie de son enfance à jouer au foot : « Je suis né dans les favelas, c’est le sport le plus facile à pratiquer là-bas, dans la rue, à l’école… ». Mais son adolescence marque un tournant. Son professeur d’EPS, qui dirigeait une petite école de volley, insiste pendant plusieurs années pour qu’il essaye ce sport. Impressionné par sa taille, il voit en Lucas un potentiel évident. Finalement convaincu, le jeune Brésilien se lance dans le volley… qu’il pratique aujourd’hui au plus haut niveau.

Grandir dans les favelas rend la réussite professionnelle difficile. Beaucoup d’enfants sont poussés à travailler tôt pour aider leur famille. Ce ne fut pas le cas de celle de Lucas : « Mes parents nous ont donné la possibilité d’étudier. Pour ma mère et mon père, la chose la plus importante, c’est l’éducation. » Un privilège dont il a pleinement conscience : « Là où j’habitais, seuls mon frère et moi avions la chance d’étudier et de nous consacrer au sport, alors que nos amis devaient travailler pour aider leur famille. »

La carrière de Lucas Salles

Lucas débute à Campinas, un club prestigieux où sont notamment passés Bruno Rezende ou Lucas Saatkamp. Il évolue ensuite dans six autres clubs brésiliens avant de rejoindre Mende en 2021. La première année est marquée par la barrière de la langue : « Je ne parlais que portugais, donc c’était difficile. Heureusement, il y avait déjà deux Brésiliens dans l’équipe, ce qui m’a beaucoup aidé. »

L’adaptation au jeu français demande également du temps : « Ici, c’est plus collectif, moins physique qu’au Brésil. » Mais au fil des mois, Lucas s’y sent de mieux en mieux : « La deuxième année, j’ai commencé à me sentir chez moi. »

En trois saisons à Mende, il vit des moments forts, notamment la première place en saison régulière en 2022-2023. La finale de Ligue B, perdue 2-0 contre Saint-Jean d’Illac, reste en revanche difficile à digérer, lui qui avait remporté le titre en deuxième division brésilienne en 2019 : « On a perdu la finale et c’était vraiment difficile. »

À Ajaccio, Lucas Salles s’épanouit pleinement, porté par un collectif sérieux et très investi. (LNV - Ajaccio - Florent Selvini)
À Ajaccio, Lucas Salles s’épanouit pleinement, porté par un collectif sérieux et très investi. (LNV - Ajaccio - Florent Selvini)

La revanche avec Ajaccio

En 2024, Lucas change complètement d’environnement et choisit Ajaccio pour la saison 2024-2025. Après la finale perdue avec Mende en 2023, il arrive en Corse avec une vraie soif de revanche : « Quand je suis arrivé, je me suis dit : cette année, on va gagner. Grâce à Dieu, on a gagné. C’est incroyable de commencer une saison avec des objectifs et de réussir à les atteindre. » Avec Ajaccio, il décroche effectivement le titre de champion de France de Ligue B, au terme d’une finale intense conclue au set en or.

Très vite, Ajaccio devient pour lui un véritable coup de cœur : « Ici, je me suis habitué très vite. Il fait chaud comme au Brésil, il y a les plages, le soleil… Il fait rarement froid. C’est parfait pour moi. » Un autre élément joue aussi dans son adaptation : la présence de Daniel Bala, un coéquipier avec lequel il avait déjà évolué au Brésil, et qu’il retrouve à Ajaccio. Cette complicité préexistante facilite son intégration. Ce bien-être se ressent dans ses performances. Travailleur acharné et très rigoureux dans son alimentation, il réalise une saison remarquable : 248 points, 63 % de réussite en attaque, 18 aces et 66 blocs, terminant troisième meilleur contreur de la Ligue B.

Ses performances convainquent le club de le conserver, et son début de saison en Marmara SpikeLigue confirme le choix d’Ajaccio. Lucas démarre fort : 91 points inscrits, 10 points de moyenne par match, avec 62 % de réussite en attaque, 2 aces et 20 blocs. Pièce essentielle d’un collectif ajaccien qui tourne très bien, il contribue largement aux trois victoires en Marmara SpikeLigue. Il note d’ailleurs la principale différence entre la Ligue B et la Ligue A : « C’est la vitesse du match qui a changé un peu. On doit tout le temps bouger au bloc. »

Avec son impact immédiat, son volume de jeu et son adaptation express à l’exigence de la Ligue A, Lucas Salles s’impose désormais comme l’une des révélations du début de saison. Travailleur, constant et décisif dans les moments clés, il s’affirme comme un élément incontournable du projet ajaccien. Si le club veut continuer à bousculer la hiérarchie, il pourra compter sur un Lucas plus ambitieux que jamais.

Crédit : Volleytimes
Crédit : Volleytimes

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