Antoine Pothron : « J’espère ne plus jamais revivre ça dans ma carrière. »

Photo d'Antoine Pothron lors de la finale de MSL face à Poitiers (Tours Volleyball : lnm37)
Photo d'Antoine Pothron lors de la finale de MSL face à Poitiers (Tours Volleyball : lnm37)
À 23 ans et mesurant 1m98, Antoine Pothron a vécu un été riche avec sa sélection en équipe de France. Dans notre interview, il revient sur son passage à Tours, son expérience en Ligue des Nations, et évoque son avenir dans le championnat polonais.

VolleyActu : La saison dernière, tu portais les couleurs du TVB (Tours Volley-ball), l’un des clubs les plus titrés du volley français. Quel regard portes-tu sur cette expérience, toi qui y as évolué pendant deux saisons ?

Antoine Pothron : « Franchement, je suis très heureux d’être passé par Tours. Je savais qu’il me fallait une étape dans un club avec plus de pression, où l’on attend des résultats et des victoires chaque saison. La première année a été un peu compliquée : j’ai eu du mal à m’exprimer pleinement sur le terrain. Mais la deuxième s’est beaucoup mieux passée pour moi, et finir sur un titre, c’était vraiment ce que je voulais. »

Quand tu dis que tu as eu du mal à jouer et à te libérer qu’est-ce qui te bloquait ?

« Les attentes du club, ajoutées à la pression que je me mettais moi-même, me bloquaient pas mal sur le terrain. Il fallait que je parvienne à faire abstraction de tout ça, mais au début, c’était difficile. Je savais que jouer à Tours, c’était ce que je voulais, mais entre vouloir et pouvoir, il y a parfois un vrai décalage, surtout au début. »

On dit souvent que jouer à Tours ce n’est jamais facile. C’est vrai ? Toi qui es passé par Toulouse tu as dû ressentir une certaine différence

« À Toulouse, c’était différent : j’étais un jeune insouciant qui faisait ses débuts en pro, je n’avais rien à perdre. À Tours, on m’a vite fait comprendre que l’âge ne comptait pas. Si on te prend, c’est pour gagner. Donc tu as autant de responsabilités que les autres, peu importe ton expérience. »

Photo d'Antoine Pothron lors de la finale de MSL face à Poitiers (Tours Volleyball : lnm37)
Photo d'Antoine Pothron lors de la finale de MSL face à Poitiers (Tours Volleyball : lnm37)

Tu as réalisé une saison remarquable, qui n’a pas échappé aux fans de volley et du Championnat de France. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 392 points, 49% en attaque, 49% de réceptions positives, 27 aces et 18 blocs. D’un point de vue individuel, quel bilan fais-tu de ta saison ?

« Oui, quand on fait les comptes à la fin, je suis satisfait. Mais pendant la saison, ce n’était pas ce qui comptait le plus pour moi. J’avais surtout besoin de retrouver de la confiance, et j’avais une seule chose en tête : gagner. »

Vous avez entamé la saison avec cinq défaites pour une seule victoire. Qu’est-ce qui a permis de renverser cette tendance par la suite ?

« C’était pareil lors de ma première année : on savait que l’important, ce n’était pas la façon dont on commençait, mais comment on finissait. On avait conscience qu’il nous fallait un match déclic pour ensuite enchaîner une série de victoires. Et grâce à la CEV Cup, on n’a jamais perdu le rythme de la compétition. »

Tu as finalement décroché le titre avec Tours, toi qui n’avais pas pu participer à la finale la saison dernière à cause d’une blessure. Tu avais dû regarder la défaite de tes coéquipiers face à Saint-Nazaire depuis les tribunes..

« J’espère ne plus jamais revivre ça dans ma carrière. C’est l’un des pires sentiments qu’un sportif puisse éprouver. Toute la saison, je m’entraîne et je joue pour un seul objectif : le titre. Et là, tu te blesses en plein playoffs, au meilleur moment… Ça a vraiment été une période difficile, surtout avec la défaite à la fin. »

Quelles ont été tes plus grandes satisfactions, mais aussi tes principales déceptions au cours de cette saison ?

« Mes plus grandes satisfactions la saison dernière, ce sont d’abord le titre de champion de France, c’était vraiment celui que je voulais décrocher avant de partir. Et bien sûr, ma signature à Bełchatów pour cette nouvelle saison représente aussi une belle étape dans ma carrière. Côté déceptions, je dirais la CEV Cup, car on avait vraiment les moyens d’aller en finale, et aussi la Coupe de France, où on est passé à côté pendant mes deux saisons à Tours. »

Photo d'Antoine Pothron contre la Pologne en VNL (czas_siatkowki)
Photo d'Antoine Pothron contre la Pologne en VNL (czas_siatkowki)

Tu as été sélectionné en équipe de France cet été. Est-ce que tu t’y attendais, ou ça a été une grosse surprise ?

« Je m’y attendais un peu, sans en être totalement sûr, mais je savais que j’avais mes chances d’être sélectionné. »

Comment as-tu vécu ton intégration dans ce groupe ?

« J’avais déjà été sélectionné durant l’été 2023, donc je connaissais la plupart des joueurs. Pour les nouveaux, ce n’est pas vraiment le cas, car ils ne sont pas de ma génération. Mais globalement, le groupe vit très bien. »

On t’a vu plusieurs fois lors de cette Ligue des Nations : contre l’Italie où tu as marqué 5 points, le Canada (15 points), l’Allemagne (6 points), mais aussi face à la Slovénie, l’Ukraine, le Japon et la Turquie. Tu as eu beaucoup de temps de jeu dans cette compétition.

« C’est vraiment incroyable de pouvoir jouer pour son pays. Même si je n’ai pas été retenu pour le Final 8, j’ai beaucoup appris durant cette VNL, et cette expérience a été totalement positive pour moi. »

Qu’est-ce que ça te fait de porter le maillot de l’équipe de France ?

« Représenter son pays est un honneur et le rêve de tout volleyeur français. Jouer aux côtés d’une génération qui a pratiquement tout gagné est forcément une expérience très enrichissante. »

La saison prochaine, tu évolueras en Pologne. Cette année, nombreux sont les jeunes joueurs français à tenter l’aventure à l’étranger. À Bełchatów, tu as déjà entamé ta préparation. Comment se déroulent ces premiers jours dans ton nouveau club ?

« Ici en Pologne, c’est vraiment une autre dimension comparé à la France : les volleyeurs sont affichés un peu partout, et le club possède même des boutiques dans les centres commerciaux. Le volley est l’un des sports les plus importants là-bas. Le club met tout en œuvre pour que nous nous sentions au mieux, et les entraînements se déroulent très bien, donc je suis vraiment satisfait. »

Quelles raisons t’ont amené à rejoindre Bełchatów ? Envisages-tu ce passage comme une étape transitoire vers un club de plus grande envergure, à moyen ou long terme ?

« J’ai reçu cette proposition assez tôt, ce qui m’a obligé à prendre une décision rapidement. Mais je n’ai pas hésité longtemps : j’avais besoin de découvrir un autre championnat, et la Pologne me semblait l’endroit idéal. Benjamin Diez m’a beaucoup parlé en bien du club, ce qui m’a conforté dans l’idée d’y aller. Bełchatów est déjà un club de premier plan en Pologne, avec de nombreux titres à son actif et une habitude de jouer les playoffs. Ce sera donc un beau défi. Pour l’instant, je préfère ne pas me projeter trop loin : je veux d’abord me concentrer pleinement sur cette saison, et je verrai ce que l’avenir me réserve. »

Tu as signé pour une place de titulaire ?

« C’est au coach d’en décider, et à moi de gagner ma place sur le terrain. »

On termine avec une note positive, quel moment ou quelle réussite te rend le plus fier dans tout ce que tu as accompli jusqu’ici ?

« Je pense que le moment dont je suis le plus fier, c’est d’avoir porté le maillot de l’équipe de France et d’avoir joué aux côtés de ces joueurs. J’espère que ce ne sera pas la dernière fois. Ensuite, il y a le titre de champion de France, un moment incroyable qui restera gravé. »

3 réponses

  1. Nous avons été très heureux de te voir grandir au sein de notre club Spacer’s Toulouse volley Ball nous sommes fiers de toi

  2. Bravo Antoine ! C’était très émouvant de te suivre avec les bleus pendant la VNL. J’ai souvent pensé à ton Papa et me rappelais t’avoir vu bébé lorsqu’il était mon entraîneur !
    Bonne route en Pologne !

  3. Interview très très réaliste avec beaucoup de recul et que je trouve très très mâture. Une grande fierté pour son papa

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