Héléna Cazaute : « Il y a quelques années, si on avait vu la poule, on aurait dit que le Brésil, c’est bon, ça passe en premier. Ça a changé dans nos têtes »

Héléna Cazaute en Ligue des Nations
Héléna Cazaute en Ligue des Nations (volleyballworld)
En 2019, l'équipe de France terminait dernière de son groupe en Golden League. Quelques années plus tard, elle s’apprête à disputer, ce vendredi, le Championnat du monde en Thaïlande, avec un premier match face à Porto Rico. Héléna Cazaute s’est confiée sur cette progression fulgurante, dans une interview accordée à Olympics.com.

Dans moins de 24 heures, l’équipe de France, dirigée par César Hernández González, futur entraîneur du club polonais de Rzeszów la saison prochaine, disputera son premier Championnat du monde depuis 51 ans, avec un premier match face à Porto Rico à 11h00, en Thaïlande, dans une poule composée du Brésil, de la Grèce et de Porto Rico.

Pour une équipe qui occupait la 56ᵉ place au classement FIVB lorsque Émile Rousseaux a pris les rênes de la sélection, qui terminait dernière de son groupe en Golden League en 2019 avec seulement 3 petits points derrière la Croatie, la Hongrie et l’Autriche, et qui jouait encore en Challenger Cup il y a deux ans, les temps ont bien changé. L’équipe de France est en progression constante, et à une vitesse impressionnante. Lors de leur première saison en Ligue des Nations en 2024, les Françaises avaient terminé à la 14ᵉ place avec 2 victoires pour 10 défaites. Cette année, l’objectif était le maintien, mais il a été largement atteint : les Bleues ont terminé à la 9ᵉ place, à un souffle des play-offs (réservés aux huit premières équipes).

Héléna Cazaute souligne ce parcours difficile mais formateur : « On est en train de créer quelque chose. On se dit que les années où on en a un peu bavé nous servent aujourd’hui. Le travail finit par payer, mais on est évidemment conscientes que le chemin est encore long et qu’il faut continuer de travailler. »

Victoire de l'équipe de France en finale de la Golden League, en 2022
Victoire de l'équipe de France en finale de la Golden League, en 2022 (CEV)

Après une saison au Vero Volley Milano, où elle a évolué aux côtés de très grandes joueuses comme Paola Egonu, Myriam Sylla ou Alessia Orro, Héléna Cazaute est familière avec le très haut niveau. Pourtant, celle qui avait quitté les Jeux olympiques de Paris frustrée, trois défaites sèches sans remporter un seul set (0-3 contre les États-Unis, la Chine et la Serbie), ne s’attendait pas à ce qu’elle allait retrouver en rejoignant l’équipe de France.

Arrivée pour la deuxième semaine de la Ligue des Nations, après une saison de club éprouvante et prolongée (à cause du final four de la Ligue des Champions), elle a été agréablement surprise par l’intensité et la qualité du travail à l’entraînement : « Je ne l’ai pas forcément vu venir. J’avoue que j’étais un peu restée sur ma faim après les Jeux Olympiques, avec que des défaites alors qu’on était capables d’accrocher des matchs. Quand je suis arrivée en stage cet été, je me suis dit : ‘ah ouais, il y a du niveau, il y a quelque chose d’intéressant. On tient un truc qui peut être cool’. J’ai vraiment trouvé que le niveau global à l’entraînement était bien plus élevé que l’année précédente. »

Le changement d’entraîneur a également joué un rôle important. César Hernández, sous contrat pour deux ans (renouvelables), a profondément modifié les méthodes de travail, notamment en encourageant les joueuses à prendre plus de risques : « Il nous donne pas mal de liberté face à la faute et au risque. Ce n’était pas une manière de fonctionner qu’on avait pendant des années, il faut s’y adapter. Mais ça marche pas mal », explique la capitaine des Bleues dans un article de L’Équipe.

Ce n’est pas tout : le staff de l’équipe de France féminine cherche constamment à stimuler le groupe. Un défi quotidien est organisé à l’entraînement, où les points sont comptabilisés pour chaque joueuse selon les exercices. Un classement est établi, créant une ambiance à la fois compétitive et bon enfant : « Ce duel qu’il y a tous les jours à l’entraînement, c’est quelque chose qui nous stimule beaucoup. On est toujours en train de se chambrer un petit peu. »

Héléna Cazaute en Ligue des Nations
Héléna Cazaute en Ligue des Nations (volleyballworld)

Les Françaises montrent que le volley féminin progresse en France. Leur parcours en Ligue des Nations est impressionnant, avec des victoires contre des adversaires redoutables : 3-1 face à la Bulgarie, 3-2 contre la Serbie, ou encore deux sets pris face aux États-Unis et au Brésil. Elles réussissent à semer le doute dans les esprits des plus grandes nations du volley mondial. Héléna Cazaute en est bien consciente : « Il y a quelques années, si on avait vu la poule, on aurait dit que le Brésil, c’est bon, ça passe en premier. Ça a changé dans nos têtes : OK, c’est la grosse tête de série de notre groupe, mais on a vu de quoi on était capables. On leur a déjà pris deux sets dans un match, alors pourquoi pas en prendre plus ? »

Satisfaite des victoires en Ligue des Nations, Héléna Cazaute reste toutefois ambitieuse : « Gagner quelques matchs en VNL, oui, c’est évidemment important pour notre préparation et notre évolution, mais ça n’a rien de concret. On est contentes de la VNL qu’on a faite, mais je pense que quand on aura une médaille autour du cou, là, on pourra dire qu’on a fait quelque chose de beau et de grand. On espère faire une médaille à un Championnat d’Europe, ou un Championnat du monde. Ça, ce sont vraiment des exploits historiques. »

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